La nouvelle politique étrangère

Publié le par Francois MITTERRAND

Ma note précédente était consacrée à l'Europe et à l'agacement que certains commentaires sur l'action européenne du chef de l'État me provoquent. Mais laissons du temps au temps et attendons de voir les prochains actes et la mise en place du traité simplifié pour juger de façon plus poussée les points positifs et négatifs de l'impulsion nouvelle déclenchée lors du dernier sommet.
Accueilli à l'aéroport d'Alger par Abdelaziz Bouteflika, Nicolas Sarkozy s'est ensuite rendu en compagnie de son hôte à Zéralda pour un entretien qui a notamment porté sur une coopération dans le domaine du nucléaire civil et du gaz.
Pour l'heure, je vais aborder mon deuxième sujet de prédilection, les relations internationales de la France. Avec, alors que la France vit un peu au ralenti à l'heure actuelle pour cause de vacances, une activité diplomatique intense qui contraste avec l'ère Chirac. Ainsi en est-il de la visite symbolique de Nicolas Sarkozy au Maghreb et de sa conférence de presse à Alger ou il a su être ferme sur les principes (stop à la repentance) et ouvert sur la nécessité d'une remise en route des relations franco-algériennes. Il a aussi abordé le thème principal de son voyage avec les présidents Bouteflika puis Ben Ali, la création de l'Union Méditéranéenne. Laurent, membre fondateur de l'excellente communauté de bloggeurs Kiwis, livrait hier une réflexion intéressante sur le sujet. J'estime qu'il faut profiter de cette période exceptionnelle pour encourager toutes les initiatives de ce genre qui visent à faire prendre à la France ses responsabilités vis à vis de pays proches avec lesquels l'histoire a parfois été compliquée (notamment l'Allemagne pour l'UE, l'Algérie pour l'UM)  mais qui ont vocation à être nos partenaires privilégiés dans la mondialisation.

Le ministre français des Affaires étrangères Bernard Kouchner (g) et son homologue serbe Vuk Jeremic à belgrade le 12 juillet 2007
Outre les voyages du président qui sont souvent plus médiatisés, on peut voir que le gouvernement n'est pas en reste. Ainsi le ministre des Affaires Étrangères, Bernard Kouchner (ça sonne bien quand même...), qui accompagnait déjà le président à Alger, était à Belgrade aujourd'hui afin d'expliquer à la Serbie que son adhésion à l'Union Européenne ne serait possible qu'à partir du moment ou le problème du Kosovo serait résolu. Cette position forte, qui traduit un certain durcissement par rapport aux Serbes et vise à exercer une certaine pression sur eux pour qu'ils engagent un dialogue sérieux avec des kosovars qui eux n'ont pas forcément envie de dialoguer. Malgré mon attachement aux questions des frontières, j'ai bien l'impression qu'on se dirige vers la solution de l'indépendance de la province, avec tous les risques que cela implique pour les  100 000 serbes qui sont présents. L'Union Européenne aura dans tous les cas un rôle fort à jouer et il est positif qu'elle aborde le problème rassemblée pour ne pas laisser les américains exercer le leadership comme ce fût le cas par le passé.

Autre homme important de la politique internationale française, lui aussi de gauche, Jean-Marie Bockel, secrétaire d'État chargé de la coopération a lui choisi le Mali pour sa première visite officielle ou il a reçu un bon accueil et a promis de discuter des préocupations des maliens avec son collègue ministre de l'intérieur, Brice Hortefeux.
Dans cette dynamique, la mission confiée à Hubert Védrine sur la mondialisation promet d'être extrêmement intéressante et réconciliera, je l'espère, une partie des français avec cet extraordinaire mouvement de globalisation.
C'est donc l'image d'une France qui privilégie une politique étrangère dynamique qui nous est donnée à voir en cette période estivale et je dois avouer que cela provoque un petit pincement au cœur de devoir imaginer que ce n'est pas un socialiste qui est à l'initiative de ce dynamisme, mais un homme de droite, qui se revendique comme tel, et qui pourtant donne des leçons d'ouverture à la gauche, de plus en plus mal en point. J'y reviendrais.

Publié dans mitterrand.2007

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